Suivons le parcours d'un homme, Monsieur Pissouillis, s'aventurant dans ces lieux pour une urgence.
Dans un crissement à donner la chaire de poule à tout être humain, la porte d'accès s'entrouve tout doucement. Soudain, un reflux de « senteurs printanières » dont le but est de masquer les mauvaises odeurs - naturelles en ces lieux - assaille les cellules olfactives de Monsieur Pissouillis et les plonge dans un coma de quelques heures. La nausée consécutive à cette première agression surmontée, Monsieur Pissouillis ouvre alors entièrement la porte et entre....
Que voit il? Une longue file d'attente constituée de personnes dans des attitudes plus ou moins crispées (rares sont les personnes sifflotant gaiment), quelques urinoirs, dont le plus souvent un au moins est bouché - mais pas toujours de façon visible, ce qui aura des conséquences facheuses si on l'utilise - et qui sont quoi qu'il en soit de dangereux pièges : projections diverses (lors du dépôt comme lors de de la chasse), voisins importuns...
Quel que soit son besoin, Monsieur Pissouillis choisit toujours les cabines. Après avoir attendu deux gros quarts d'heures, courageusement, il entre enfin.
Un véritable spectacle de désolation s'offre à ses yeux. Mais ô jour de chance! Les lieux sont relativement convenables (pour des toilettes publiques bien entendu), et miracle ! ils sont garnis de papier hygiènique et d'un crochet pour y mettre son manteau ou son sac (si toutefois, quelqu'un voudrait passer plus de deux minutes dans ces lieux).
La cuvette est souillée par de multiples résidus. Monsieur Pissouillis est consterné: il décide de se transformer en Dame Pipi. Il essuie consciencieusement la lunette avec un vieux mouchoir qu'il a retrouvé au fond de sa poche de pantalon, et s'assoit. Il lit alors les differents messages écrits dans un français à faire pâlir tout bon professeurs de littérature "Anna j'te kife trop! t'es trop d la bomb" "Vvie les meuf" ... Ses yeux tombent soudain sur une affichette qui a survécu aux différentes épreuves de tags. Cette dernière annonce « Respectez ces lieux, faites comme chez vous!». Monsieur Pissouillis comprend alors l'état de ces lieux mais fulmine. Il finit rapidement son affaire et va se laver les mains.
Comme vous le savez tous, se laver les mains est un geste anodin, mais dans des toilettes publiques cela peut se relever épique : il y a là une sorte d'incarnation de la loi de Murphy. Le savon est soit en manque, soit douteux. Ensuite, le jet d'eau est soit inexistant (et il va falloir 2 heures pour se rincer), soit bien trop fort (et Monsieur Pissouillis sera copieusement arrosé). Et pour se sécher les mains il y aura le choix entre un immonde tissu ou un sèche-mains à chaleur qui dépense plus d'énergie en 1 minute qu'un village africain en 1 an et dont le mode d'activation est plus qu'obscur, soulevant des quantités de poussières. Monsieur Pissouillis étant dans son jour de chance a du savon mais n'ose pousser sa chance davantage en expérimentant le sèche main.
Les mains mouillées, Monsieur Pissouillis victorieux et heureux sort enfin et se promet comme à chaque fois qu'il ressort de cette éprouvante épreuve "La prochaine fois, je prendrais des précautions avant de partir de chez moi!!".