Des Vespasiennes aux Sanisettes

Au 1er siècle de notre ère, l'Empereur Romain Vespasien, féru d'architecture, introduit dans Rome de grandes urnes d’argile publiques. Il établit également une taxe, appelée "Chrysagyre", sur la collecte d'urines. Elles étaient utilisées par les tanneries pour préparer les étoffes avant de les mettre en couleur ou, quelquefois, pour dégraisser les laines, les étoffes, et ouvrages faits de laine, comme les draps, les serges, les bas... Cette taxe était payable tous les 4 ans par tous les chefs de famille, au prorata des personnes vivant sous leur toit, et même des animaux (chiens, ânes, bêtes de trait, etc.…) qui pourtant n’utilisaient pas lesdites urnes ! Certains prétendent que cet impôt est à l'origne de la célèbre expression "L'argent n'a pas d'odeur".

Latrines publiques à Dougga (Tunisie)Latrines publiques à Ostie

 

  

Jusqu’au début du XVIIIème siècle, les campagnes et les villes tolèrent relativement la présence et le côtoiement de l’excrément. Puis, progressivement, les seuils de tolérance, notamment olfactifs, se sont abaissés.

 

Grâce au développement parallèle de l’urbanisation, de l’industrialisation, de la médecine, et de l’hygiénisme, les municipalités, et notamment Paris, prennent des initiatives pour la création d’installations spécifiques. Vers 1770, M. de Sartines met en service des "barils d’aisance" dans les rues parisiennes.Vespasienne 

En 1833, nommé par Louis Philippe, le Préfet de la Seine Claude-Philibert de Rambuteau décide de faire bâtir les premières Vespasiennes, appelées "Colonnes Rambuteau" également. Il en fait installer 478 sur les trottoirs de la ville. En 1839, le préfet de police, Gabriel Delessert, autorise l'installation des « colonnes moresques », supports d'affiches à l'extérieur et urinoirs à l'intérieur. 

À la fin des années 1860, les deux rôles (affichage et toilettes publiques) sont dissociés : les « colonnes urinoirs » sont remplacées en 1868 par les colonnes Morris pour l'affichage et par les vespasiennes pour les lieux d'aisances.
 Colonne Morris

Ces "cases d’aisance" ou "chalets de nécessité" ou encore "colonnes Rambuteau " sont réservées aux hommes. Elles ne se féminiseront qu’au début des années 1980.Il en existe un millier au début du XXème siècle, plus de 1 200 au début des années 1930.
   

 

Sous le Second Empire, Jean-Charles Alphand perfectionne l'installation en isolant l'intérieur du regard par un écran et en éclairant l'intérieur avec un bec de gaz. La construction est redessinée par Gabriel Davioud, qui remplace la maçonnerie par une structure en fonte.

 

En 1961, le Conseil Municipal de Paris décide de la disparition progressive des Vespasiennes, avec en contrepartie la création de lavatories souterrains payants. Dans quelques gares et stations de bus ou de métro, des toilettes payantes sont installées durant les années 1950 et 1960. Elles sont cependant assez rapidement fermées en raison du vandalisme sur les monnayeurs.

 

 

 

 


  

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